Les femmes n’ont pas moins de désir sexuel

Les femmes se tannent plus rapidement de la routine sexuelle

Il y a cette fausse conception que les femmes ont moins de désir sexuel que les hommes, surtout dans les relations hétérosexuelles. On pense à tort que l’homme est le sexe qui veut plus de sexualité. Pourtant, on retrouve autant de couples en thérapie où l’homme est le Partenaire ayant Moins de Désir sexuel (PMD) dans la relation. Par contre, on parle peu de cela en société, car il y a une stigmatisation pour un homme d’avoir moins de désir que sa partenaire. Il y a aussi une stigmatisation pour une femme d’en avoir davantage. On les considère souvent comme «nymphomane» qui est au détriment de l’expression de leur sexualité.

 

Répression du désir sexuel féminin

Il est facile de constater que l’expression du désir sexuel chez les femmes n’est pas valorisante pour elle, surtout à l’adolescence. On encourage fortement les garçons à le faire et on stigmatise ceux qui ne le font pas. Pour les filles, on tombe rapidement dans des termes dévalorisant qui nuit à leur réputation. Donc, elles internalisent assez rapidement que leur désir sexuel doive être réprimé, caché ou romantisé pour être accepté. Le seul type de désir sexuel qu’on ne juge pas négativement chez les filles est le désir où elles sont en amour avec une personne (un garçon ou une fille).

Masturbation

Comparer les discours et l’aisance entourant la masturbation chez les hommes et les femmes. On tient pour acquis qu’un homme se masturbe dans notre société, ce qui n’est pas nécessairement le cas. Quand on pose la question aux femmes, il y a souvent un malaise et une réticence à vouloir répondre. Chose qu’on retrouve très peu chez les hommes et jeunes garçons. Même entre adolescentes, la simple mention peut être reçue avec dégoût par les autres filles.


Se masturber, c’est faire l’amour à la personne qu’on aime le plus!


À l’âge adulte

Les femmes apprennent donc une fois adulte qu’elles ne doivent pas être trop sexuel et sexué. Elles ont internalisé que l’expression de leur sexualité sera perçue péjorativement et au détriment de leur image et réputation. Une fois en couple, elles doivent continuer à réprimer leur sexualité et maintenir en apparence qu’elles sont les PMD du couple.

 

En clinique, on observe…

Ce dont on s’aperçoit dans les thérapies de couple avec un sexologue psychothérapeute est souvent une histoire bien différente. Les femmes n’ont pas moins de désir, mais elles se tannent de la sexualité qu’elles se permettent et qu’on leur offre. Cela est aussi vrai chez les couples hétérosexuels que lesbiens.

Routine sexuelle qui tue

Les femmes, de manière générale, se lassent plus rapidement du manque de variété dans leur sexualité. La prévisibilité et la redondance sont moins acceptables pour elles. Par contre, comme elles n’ont pas la «permission» d’exprimer leur sexualité, elles subissent ce qu’on leur offre. Elles n’osent pas demander plus par peur des jugements ou de blessé l’ego fragile de leur partenaire.

Le phénomène de «50 shades of Grey» démontre à quel point les femmes ont du désir sexuel. De plus en plus, on remarque qu’elle réclame davantage de sexualité et démontre leurs préférences sexuelles. Toutefois, la résistance persiste à être présente et cela provient autant des hommes que des femmes elles-mêmes.

 


Si la sexualité des femmes n’était pas aussi féroce et menaçante, pour quelles raisons la réprime-t-on autant à travers le monde?


La créativité sexuelle amène des risques

Pour se sortir de la routine sexuelle, il faut travailler sa créativité sexuelle. Théoriquement simple, pratiquement très difficile. Quand tu apprends toute ta vie à réprimer ta sexualité, tes préférences et ton désir sexuel, il est difficile de prendre un rôle actif dans les relations sexuelles. Prendre sa place quand on ne valorise pas ce type de comportement chez les femmes suscite énormément d’insécurité. Même entre deux femmes lesbiennes, cela peut être difficile.

On prend aussi le risque que l’autre n’aime pas ce qu’on leur offre ou ne partage pas les mêmes fantasmes. On peut être déçu que l’autre n’embarque pas dans le rôle et que le jeu ou la scène sexuelle fasse «pouit pouit«.

Parler cochon!

Prenons un exemple plus concret. Vous avez toujours été plutôt silencieuses dans vos relations sexuelles où vous ne parlez pas pendant l’acte. Vous avez toujours eu ce fantasme de dire des choses «cochonnes» mais vous n’avez jamais osé le faire. Vous prenez finalement votre courage à deux mains et vous vous lancez avec une phrase inattendue et salace qui déboussole votre partenaire. Il/elle ne sait plus ou moins comment y répondre, le malaise s’installe…le mood brisé. Vous vous sentez ridicule et votre partenaire est un peu ‘turner off» par la surprise.

La fessée préméditée!

Cette fois-ci vous vous prenez d’avance en expliquant à votre conjoint-e que vous avez toujours rêvé de recevoir des tapes sur les fesses durant une pénétration et que la sexualité soit plus «rough» et passionnelle. Donc, cette fois-ci on évite la surprise pour ne pas se retrouver dans le même malaise. La soirée est haute en tension sexuelle, vous êtes désirante de votre amoureux-se. La sexualité débute et les baisers sont différents et plus agréables que d’habitude. Vous êtes rendu après plusieurs minutes de caresses et vous anticipez avec beaucoup d’excitation la tape sur les fesses. Votre partenaire vous prend par en arrière et vous donne LA dite tape…mais «pouit pouit«… elle était trop douce et manquait de fermeté passionnelle. Vous êtes déçues! Votre partenaire n’a pas répondu à vos attentes. Vous ne lui dites rien pour ne pas le/la blesser et qu’elle/il se sente incompétent-e.

 

Bref!

Ces histoires se sont peut-être déjà arrivées ou une semblable avec ses propres subtilités. Vous avez donc abandonné l’idée d’être créative sexuellement, car cela nécessite beaucoup d’effort, d’appréhension, de déception et de conflit dans votre sexualité. Vous acceptez alors le sexe qu’on vous offre, vous perdez tranquillement le désir sexuel pour votre partenaire pour préserver la relation et pas trop sortir de vos zones de confort respectives.


Les femmes n’ont pas moins de désir sexuel que les hommes. Elles sont juste moins intéressées à la sexualité qui leur est offerte dans leurs relations à long terme.

-Esther Perel


À vous mesdames de décider si vous êtes prêtes à obtenir la sexualité que vous désirez ou rester dans le statu quo pour maintenir à tout prix la relation intacte.

 


sexologue montreal

François Renaud M.A.

Sexologue psychothérapeute Montréal

Spécialisé en thérapie de couple

À propos de l’auteur