Équité vs. Égalité dans les relations poloyamoureuse

Justice dans le polyamour, mais dans quel contexte?

Les couples ouverts, polyamoureux ou en devenir me consulte de plus en plus dans mon bureau. On accepte ce style de relation amoureuse plus ouvertement aujourd’hui, malgré qu’il existe encore beaucoup de polyamourophobie (mot que je viens d’inventer).  Principalement, ces couples me consultent pour négocier leur entente ou contrat à l’égard des règles à suivre dans ce mode relationnel. Tout couple a un contrat qui est soit discuté clairement ou sous-entendu dans la définition du couple. Les couples monogames ont tendance à très peu discuter de cette entente et elle est plus souvent implicite. Cela mène souvent à d’autres difficultés telles la jalousie et des perceptions différentes de l’infidélité.

 

Signe ici avec ton sang, stp!

Les ententes peuvent être simples ou même très complexes selon les besoins et désirs de chaque partenaire et couple. De manière générale, plus on est exclusif dans notre entente plus les discussions peuvent être simple et nécessite moins de clauses. D’autres vont avoir une politique « Don’t ask, don’t tell » ce qui facilite la négociation, mais qui peut engendrer d’autres difficultés éventuellement.

Un des dilemmes qui ressort le plus souvent entre les partenaires est la question d’équité vs égalité dans l’entente. Parfois les besoins de chacun ne sont pas pareils ou la réalité de chacun diffère. Par exemple, un des membres du couple nécessite de bien connaître la personne et sentir une confiance avant de s’engager plus intimement ou sexuellement avec elle. D’autres vont plutôt chercher des rencontres rapides et plus éphémères ou à court terme. Nos circonstances peuvent aussi être différent où un partenaire a une plus grande facilité à se trouver de nouveaux(lles) partenaires étant plus séducteur(trice) ou avoir plus d’opportunité de rencontrer de nouvelles personnes dues à son style de vie ou travail. Il existe aussi des différences entre les hommes et les femmes quand on présente notre situation d’ouverture de couple.

 

Je suis à l’aise…mais un instant

On peut ouvrir son couple au plan sexuel (nommons les polysexuelles) et/ou au plan affectif (polyamoureux). Il se peut qu’un partenaire soit à l’aise avec l’ouverture sexuelle, mais pas affective. Quand les besoins d’ouverture diffèrent, cela engendre souvent des conflits sur la négociation du contrat.   C’est ici qu’on peut parler d’équité vs. égalité. Quelle est la différence, vous dites?

Poly-galité

La notion que chacun des partenaires doivent suivre la même liste de règles telle le nombre de partenaires, le nombre de fréquentations avec la même personne, le genre des autres partenaires, la durée de la relation, les pratiques sexuelles acceptées vs. exclusif au couple, etc. Peu importe les besoins distinctifs de chacun, pour une question d’égalité, chaque partenaire doit adhérer au même contrat. Cela donne l’impression que la relation et l’exploration à l’extérieur du couple sont juste pour tout le monde. Cela peut donner un sentiment de justice entre les amoureux. Par contre, l’individualité de chacun n’est pas prise en compte, ce qui génère qu’un partenaire peut davantage bénéficier plus que l’autre de l’ouverture.

Poly-quité

La notion où les besoins individuels et parfois contradictoires entre les partenaires sont pris en considération. Si le besoin de l’un est d’avoir le plus de partenaires sexuelles possible et que l’autre est de développer des relations plus profonde avec un autre partenaire en parallèle avec son conjoint(e), cela reste possible. Chacun répond à ses besoins et désirs pour bénéficier de l’ouverture à son plein potentiel pour soi-même, sans adhérer à des règles similaires. Cela amène cependant parfois des inquiétudes ou des craintes d’injustice, car nous n’avons pas la même entente. On peut être à l’aise que notre partenaire couche avec une autre personne, mais pas qu’elle développe des émotions pour l’autre. Par contre, cela est nécessaire pour leur partenaire pour avoir des relations sexuelles satisfaisantes. Nous sommes donc pris dans le dilemme de répondre à un besoin de l’un ou rassurer la jalousie ou l’insécurité de l’autre. La poly-quité nécessite de développer davantage sa différenciation et sa compersion (contraire de la jalousie) pour arriver à une entente qui convient à tous.

 

Donc, poly-quité ou poly-galité

Et bien! À vous de choisir. Un modèle n’est pas nécessairement meilleur que l’autre. Chacun peut donner l’impression d’un sentiment de justice et d’injustice en même temps sur divers aspects. Il faut se questionner sur nos motivations à être équitable ou égalitaire dans notre entente poly-amoureuse/sexuelle. Il faut remettre en question nos insécurités et notre jalousie qu’on peut vivre ainsi que les sentiments de compétitivité avec son partenaire à l’égard de leur expérience d’ouverture de couple.

 

 

 


sexologue montreal

François Renaud M.A.

Sexologue psychothérapeute Montréal

Spécialisé en thérapie de couple

À propos de l’auteur