Le sexe, le corps et le cerveau

Lois du corps dans la sexualité*

Corps-cerveau

La sexualité et le corps sont inséparables, pourtant nombreuses sont les personnes qui habitent peu leur corps. On dit souvent que le cerveau est le plus gros organe sexuel de l’humain, mais le corps y joue un rôle primordial. En fait, le corps et le cerveau sont interreliés quand il vient le temps d’exprimer sa sexualité. Dans l’approche Sexocorporelle, on nomme ce concept corps-cerveau, où tout changement corporel (mouvement, tension, gestuelle, posture, etc.) aura une influence agréable ou désagréable sur notre cerveau (émotions, pensées, croyances, imaginaire sexuel, etc.). En utilisant les lois du corps (espace, tonicité et rythme), on peut moduler son excitation sexuelle, amplifier notre imaginaire sexuel, changer nos perceptions et augmenter notre plaisir durant nos comportements sexuels (masturbations, sexe oral, sexe anal, pénétration, etc.).

Plaisir sexuel & excitation sexuelle

D’abord, il faut faire la différence entre l’excitation sexuelle et le plaisir sexuel. N’est-ce pas la même chose vous allez me dire? Et non! L’excitation sexuelle est la réaction physiologique de notre corps à une stimulation sexuelle (baisers, caresses, regards séducteurs, fantasmes, etc.). Chez l’homme on retrouve l’érection et chez la femme, la lubrification. Or, le plaisir sexuel est la perception que nous avons de cette excitation sexuelle. Il est tout à fait possible d’avoir de l’excitation sexuelle sans en retirer du plaisir, par exemple durant une agression sexuelle. Cependant, il est aussi possible d’avoir une relation sexuelle avec notre partenaire bien aimé, orgasme inclus et avoir ressenti très peu de plaisir. Comment expliquer cela? La réponse peut se trouver dans les trois lois du corps, soit la tonicité des muscles, le rythme de notre corps et l’espace interne et externe de nos mouvements.

 

Tension musculaire

La tonicité musculaire joue un rôle très important dans la réponse sexuelle chez l’être humain. Pour obtenir l’érection chez l’homme ou la lubrification chez la femme, il doit y avoir une certaine tonicité des muscles pelviens, dont les fessiers, les abdominaux et le muscle pubo-coccygien. La contraction et la décontraction des muscles nous permettent de moduler notre excitation sexuelle en augmentant ou en diminuant l’influx sanguin dans nos organes génitaux. On peut observer la tonicité utilisée durant nos activités sexuelles sur un continuum allant de l’hypotonicité (peu ou aucune contraction musculaire) à l’hypertonicité (contraction musculaire maximale). Dans une hypotonicité des muscles, il sera plus difficile d’obtenir de l’excitation sexuelle, tandis qu’une hypertonicité peut créer des inconforts corporels, par exemple des crampes. Ainsi, en jouant dans le continuum de la tonicité des muscles pelviens, on peut augmenter notre excitation ou la diminuer. La tonicité des muscles du haut du corps (pectoraux, bras, cou, trapèze, etc.) va permettre de ressentir davantage de plaisir sexuel. En contractant et en décontractant ces muscles durant l’acte sexuel, on permet aux sensations de se diffuser partout dans le corps et par conséquent, d’augmenter le plaisir sexuel.

Vitesse des mouvements

Le rythme avec lequel on bouge a aussi une influence sur l’excitation et le plaisir sexuel. Tout comme la tonicité, le rythme se situe sur un continuum passant de lent à rapide. Dans la lenteur, on se permet davantage de ressentir la variété de sensations que procure le toucher. On peut ressentir la chaleur, la douceur, la tendresse, les chatouillements, etc. en ayant une conscience plus raffinée que dans la rapidité, celle-ci nécessitant une certaine tonicité qui augmente par ailleurs l’excitation sexuelle, engendrant l’orgasme. En s’amusant avec différents rythmes du corps, on peut alors moduler l’excitation sexuelle et augmenter le plaisir ressenti lors des relations sexuelles en prenant le temps de prendre conscience des diverses sensations.

Espace externe & interne du corps

Finalement, l’espace se divise en deux catégories : interne et externe. L’espace interne est l’ampleur de la respiration. En étant profonde et abdominale, elle permet au corps de se détendre engendrant une décontraction des muscles permettant ainsi d’apprécier un rythme plus lent en amplifiant le plaisir sexuel. Une respiration courte et thoracique agit sur l’augmentation de l’excitation sexuelle où l’on retrouve souvent une tonicité des muscles plus importante et des mouvements plus rapides.
L’espace externe est observable par les mouvements de notre corps soit des bras, des jambes, du cou, des mains, des pieds, etc. Le plaisir est ressenti en général dans le mouvement, et ce particulièrement dans le haut du corps. Par exemple, une personne ayant un fou rire va habituellement faire des mouvements d’épaules. Il est d’ailleurs difficile d’imaginer une personne exprimer un grand plaisir dans l’immobilité. Il en va de même pour la sexualité. Un ébat sexuel où l’ampleur de l’espace est de mise permet davantage de ressentir du plaisir sexuel. En basculant nos épaules vers l’avant et l’arrière ou en bougeant le cou dans diverses directions, on ressent davantage un lâcher-prise et une augmentation du plaisir. Tandis qu’un espace restreint amène à la fois tonicité et rapidité pour augmenter l’excitation sexuelle.
Enfin, il est à savoir que l’excitation sexuelle et le plaisir sexuel ne sont pas deux entités opposées. Elles deviennent intimement liées par l’exploration des lois du corps dans leur continuum respectif. Il suffit alors de s’amuser en habitant différemment son corps lors des activités sexuelles pour diversifier ce qui est ressenti et jouir des nombreuses sensations que cela peut provoquer.

* concepts inspirés de l’approche sexocorporelle

 

En connaître plus sur l’auteur

Francois Renaud M.A.
Sexologue & psychothérapeute Centre-ville de Montréal

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