Trouble du désir sexuel: Le pacte avec le diable

La descente en enfer relationnelle

(Les pronoms féminins et masculins sont régulièrement interchanger dans cet article)

 

Augmenter la pression dans la relation

Dans un couple, il y a toujours un membre qui est le Partenaire avec le Moins de Désir sexuel (PMD) et l’autre Partenaire qui a Plus de Désir sexuel (PPD). Ces rôles relationnels engendrent une panoplie de différentes dynamiques et interactions dans une relation à long terme. Quand les rôles de chacun sont gérés adéquatement, le couple peut évoluer dans une sexualité satisfaisante, et ce, malgré la différence dans le niveau du désir.

La plupart du temps, la gestion est toutefois douteuse et le couple se détériore avec les années. La vie sexuelle prend un coup important: l’amertume se bâtit, les conflits se multiplient et l’intimité sexuelle se dégrade à vue d’oeil. Comment cette dynamique s’installe dans une relation où l’amour était pourtant si présent au début de la relation?

 

Le début de la fin

Suite au premier refus vécu par le Partenaire qui a Plus de Désir sexuel (PPD) ayant initié une relation sexuelle, il y a la possibilité que la vie sexuelle du couple commence sa descente. Le refus a possiblement été évité pendant longtemps, car le Partenaire avec le Moins de Désir sexuel (PMD) offrait du sexe par pitié.
Le rejet et parfois même l’humiliation que le/la partenaire ressent face au refus a des impacts importants sur son estime et ses agissements par la suite. Cette personne tentera peut-être de mettre de la pression sur l’autre de manière évidente ou subtile pour répondre à ses désirs sexuels. Plus elle recevra de refus et vivra du rejet, moins elle voudra mettre de l’effort dans la séduction et diminuera la fréquence de ses initiations sexuelles. Le PPD accumule sa frustration au fil du temps et sa colère se fera ressentir par l’autre. Parfois, il mettra tellement de pression qu’il deviendra désagréable pour le PMD. La pression et la tension augmentent alors envers le PMD afin de répondre au désir sexuel du PPD.
Le PMD ressent constamment la pression de l’autre et tente d’éviter le plus possible la séduction ainsi que les initiatives sexuelles provenant du PPD. Le PMD peut critiquer la pression réelle ou perçue du PPD pour tenter de la minimiser. Le PPD a parfois aussi de la difficulté à gérer avec cette pression qu’il/elle impose à l’autre même quand il tente de ne pas le faire.

Le pacte du diable

Le couple se trouve alors face au dilemme de vouloir éliminer cette pression qui fait fuir le PMD de la sexualité. Le PMD évoque éventuellement que cette pression suscite des tensions dans le couple et tue son désir sexuel. Il n’arrive plus à se sentir libre et son désir ne peut pas se produire naturellement ou spontanément. Il se sent envahit par l’autre et invoque que la solution est de restreindre la séduction et les initiations sexuelles provenant du PPD. Cette logique a du sens à un certain degré pour le PPD qui reconnaît que ses tentatives de rapprochement mènent généralement nul part.



L’entente initiale

Le couple se met en accord que le PMD fera maintenant les avances et initiera la sexualité quand elle le voudra et en ressentira le besoin. Le PPD, quant à lui, sera passif et attendra (souvent avec impatience) les initiatives de son partenaire.

Grave erreur que les couples et parfois les thérapeutes suggèrent comme solution au problème.

Voici comment le tout se déroule habituellement:

(On pourrait aussi interchanger la durée de cette situation de jour à semaine pour certains couples)

Jour 1: Le PMD se sent libre et sans pression ce qui lui permet d’avoir une journée agréable. Le PPD espère une initiative du PMD, mais comprend que celui-ci prend son temps.

Jour 2: Le PMD est heureux d’avoir vécu une journée de liberté. Il veut davantage en profiter et attend encore une journée de plus. Le PPD patiente encore.

Jour 3: La pression commence à se faire sentir par le PMD qui est maintenant rendu à 3 jours sans aucune initiative. Il ressent que le PPD s’attend à une initiative ce qui met de la pression et tue son désir une fois de plus. Le PPD attend toujours patiemment l’initiative de son partenaire et démontre subtilement son impatience.

Jour 4: Le PPD commence à devenir impatient et irritable que rien ne se passe. Il a attendu toute la semaine et il n’a mis aucune pression comme il avait été décidé. Le PMD ressent l’impatience subtile ou évidente de son partenaire et se sent justifié de ne pas initier, car il ressent toujours de la pression.

Jour 5: BOOOM!!! La chicane commence. Le PPD exprime sa frustration et son impatience que le PMD n’a toujours pas fait d’initiative sexuelle malgré l’entente préalable. Le PMD justifie qu’il a ressenti de la pression toute la semaine, car il se sentait obligé de le faire suite à leur entente. Le PPD a l’impression qu’il n’y a aucune manière de gagner et d’obtenir la sexualité qu’il désire.

Quelques mois plus tard: Le couple répète le pacte du diable espérant des résultats différents.

 

Déconstruction du pacte du diable

Cette entente ne fonctionne pas, car elle oblige chacun des partenaires à être dans une position qu’il ne désire pas réellement et cela amplifie la dynamique déjà en place. On demande au PPD d’éteindre son désir sexuel tandis qu’on demande au PMD d’initier la sexualité qu’il/elle tente d’éviter. Au contraire, le PMD devrait augmenter sa capacité à instaurer ses limites et le PPD, exprimer son désir sexuel de manière assumée et séduisante.
Si cela vous semble paradoxal, c’est tout à fait normal! Pourtant, c’est le maintien de son intégrité et le respect de soi et envers l’autre qui suscitent le désir sexuel et non la pression ou l’obligation d’avoir du sexe dans son couple.

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En connaître plus sur l’auteur

François Renaud M.A.
Sexologue & psychothérapeute Centre-ville de Montréal